J'ai confronté mes idées ce week-end avec celles d'un papa qui ne comprenait pas le bien fondé de la pédagogie dite "nouvelle" (voir article super nanny) sur le développement de l'enfant. Je suis triste de voir à quel point la société française est butée et croit tout connaitre sur la bonne manière d'éduquer l'enfant.
Nous pensons que l'enfant nous doit tout parce qu'il est nourrit, logé. Et comme il est petit, fragile, il n'a pas son mot un dire. Ses désirs sont pris pour des"caprices". Il a juste le droit d'obéir et il SUBIT SUBIT SUBIT...
Janusz Korczak,est un médecin-pédiatre et écrivain polonais. C'est aussi le père spirituel de la Déclaration des Droits de l'Enfants de 1989. Dans son livre "le droit de l'enfant au respect", il analyse avec une grande justesse, je trouve, la manière dont est perçu l'enfant par l'adulte et essaye d'expliquer pourquoi l'enfant est tant sous-estimé, peu considéré.
Je prendrai donc certaines de ses citations pour illustrer mes propos. Par exemple, il écrit que " le rapport adulte-enfant est corrompu à cause du dénuement de ce dernier et de sa dépendance matérielle".
L'enfant n'a pas son mot à dire, pas le droit de répondre lorsqu'il juge une situation injuste,sans quoi il est punit ou a une fessée. Lorsqu'il exprime sa colère, on le réprime. Or l'adulte lui n'a aucun problème à s’énerver sur ses enfants, à crier, à mettre des fessées. Personne ne dit rien.L'enfant qui mord est donc frappé en retour. Quelle incohérence!!!!
Je ne pense pas qu'il faille de la sévérité pour éduquer nos enfants. Au fait, comme expliqué dans la préface de son ouvrage; " la santé ne se résume pas à l'absence de maladie, mais elle résulte d'un environnement favorable, bienveillant et attentif."
Qu'est ce qu'un environnement favorable? Si nous proposons à l'enfant de grandir dans une ambiance stressante, où l'on cri au lieu de parler,où l'on lui interdit de faire plein de choses, un environnement dans lequel il est maltraité, bousculé, tapé; sa santé mentale ne peut qu'en être impactée.
Le jeune enfant a besoin, je pense, d'être accompagné dans sa vie, dans ses émotions qui le submergent et de se sentir compris. Je trouve donc ça dommage d’observer l'éducation sous forme de rapports de forces entre les adultes et les enfants. Le manque de patience des adultes qui refusent de se remettre en question est triste à voir.
Le pire c'est d'observer l'abus de pouvoir des adultes sur les plus petits. J'ai envie de répliquer et de leur dire: "prenez- vous en à des personnes de votre taille". D'autant plus que de nombreuses études ont démontrés qu'un enfant réprimé a plus de mal à se concentrer, à réfléchir et à avoir confiance en lui. Je cite J. Korczak"Les enfants heureux et privilégiés, confiants et bienveillants, dont la vie est un conte de fées, sont bien peu nombreux comparés à l'écrasante majorité à qui le monde répète de tristes vérités, avec des mots durs et sec."
Je comprends néanmoins que les temps sont durs, que les parents sont fatigués par le travail etc. Mais l'enfant n'a pas à subir les états d'âmes des adultes. A quand les adultes se remettront en questions sur leur pratiques éducatives? Je pense qu'on doit se souvenir des injustices que nous avons connus pendant notre propre enfance et se mettre à la place de l'enfant qui a besoin d'amour, d’être accompagné et responsabilisé mais surtout pas de violence, d'humiliation, de maltraitance. Je m'insurgerai toujours contre les adultes qui abusent de leur pouvoir..
Je cite un passage qui m'interpelle et qui illustre parfaitement ce que je pense:
"Pire encore, l'enfant est faible. Nous pouvons le soulever, le lancer en l'air, l'installer d'autorité quelque part, stopper sa course, anéantir ses efforts. Face à lui, nous multiplions les avertissements et ordres(...) L'enfant sait qu'il doit obéir: il n'a pas le choix. Il aura beau se révolter, il n'obtiendra jamais gain de cause et finira par comprendre qu'il faut se résigner et se soumettre."
"Qui oserait bousculer, secouer ou frapper un adulte?( ...).En revanche il nous parait aussi anodin qu'innocent de donner une fessée à un enfant, de le tirer par le bras(...)La faiblesse des uns fait la force des autres. Adultes et enfants abusent de leur supériorité sur les plus petits pour exprimer brutalement leur mécontentement(...)Injustices commises en toute impunité. Notre dédain pour les plus faibles sert d'exemple aux autres. Cela ne présage rien de bon."
Je crois en l'autorité sans rapport de force mais par conviction, et dans la cohérence et la responsabilisation. Cela demande beaucoup de patience, un changement profond des mentalités et je constate que nous ne sommes malheureusement pas encore prêts. L’amendement contre la fessée a été censuré par le Conseil constitutionnel.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/01/26/fessee-ecole-hors-contrat-hlm-le-conseil-constitutionnel-censure-des-dispositions-du-texte-egalite-et-citoyennete_5069736_823448.html#vARbJJJj8HMiuDj7.99